Poème de Pablo Neruda : La centaine d'amour (sonnet XXIV )
La centaine d'amour (sonnet XXIV)
Amour, amour, à la tour du ciel les nuages
montèrent telles de triomphantes lavandières,
et tout brûla en bleu d'azur, tout fut étoile :
la mer, le navire, le jour s'exilèrent ensemble.
Viens voir les cerisiers dans leur eau constellée
viens voir la ronde clef de l'univers rapide,
Viens toucher le feu de l'azur instantané,
viens avant que ses pétales se consument.
Il n'est ici que lumière, abondance*, grappes,
espace ouvert par les vertus du vent
jusqu'à livrer les derniers secrets de l'écume.
Et parmi tant de bleus célestes, submergés,
nos yeux se perdent, devinant à peine
les pouvoirs de l'air et les clefs de la mer.
Pablo Neruda (poète, écrivain, homme politique chilien; 1904 - 1973).